L’avenir de la campagne serait-il en ville?
Du creux de mon rang perdu, aux confins du Québec profond, je remarque dans le voisinage un regain du jardin potager. Une petite parcelle de patates ici alors que la pelouse régnait, là un petit verger au lieu du stationnement de machinerie, un champ de légumes en plein cœur du royaume de la vache laitière, etc. Et ce qui se passe à la campagne de façon discrète a en ville un nom : l’agriculture urbaine. Le plus étrange et symptomatique, à mon avis, c’est qu’on parle ici d’un phénomène alors qu’il s’agit du besoin le plus fondamental qui soit : la recherche de nourriture fiable. Notre société se serait-elle éloignée à ce point de l’agriculture pour qu’on parle aujourd’hui d’un événement médiatique lorsque quelqu’un plante ses légumes sur le devant de son terrain en ville ou sur son toit? (...) Pour l’instant, l’agriculture urbaine touche essentiellement les légumes et les fruits. Mais le jour viendra où ces gens voudront aussi produire leurs œufs ou leur viande. Comme ça se fait partout ailleurs sur la planète. Nous aurons besoin de tous ces gens éclairés pour faire contrepoids au contrôle de l’industrie agroalimentaire québécoise qui veut nous faire croire qu’un bon poulet doit être élevé dans un immense bâtiment fermé. (...) Imaginons un instant qu’un citadin élève un cochon sur son terrain. Imaginons la battage médiatique, imaginons la réaction de l’industrie du porc. Et pourquoi devrions-nous plus être affolés ainsi que par la présence d’un chien ou d’une grosse voiture? Espérons que l’agriculture urbaine deviendra plus qu’un phénomène médiatique et nous aidera à contribuer au changement.
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