Ste-Croix, 25 janvier 2018 – Montréal accueille actuellement la sixième ronde de négociation de l’ALENA, sous la menace des Etats-Unis de se retirer. Les discours alarmistes fusent, comme si le commerce international était apparu avec cet accord ou risquait de disparaître. En 2018, difficile d’imaginer notre société sans échange commercial avec d’autres pays. Les Québécois ne renonceront pas au café, ni au poivre, ni aux bananes et il est peu probable que la production de ces aliments se fasse ici prochainement.
Pour l’Union paysanne, il importe surtout que cet accord se fasse sur d’autres bases. OXFAM a publié cette semaine que la richesse engendrée par ces échanges ne profitait qu’à une infime minorité. Premièrement, de tels accords ne devraient plus se faire en cachette de l’opinion publique. Si le Québec a tenu la commission Pronovost, il devrait être possible de consulter la population sur le commerce.
Deuxièmement, sur la question agricole, un des enjeux de l’ALENA, le principe de souveraineté alimentaire devrait avoir priorité. L’alimentation est d’une importance capitale et chaque État devrait pouvoir décider comment les aliments sont produits, transformés et distribués, sans être soumis à des tribunaux internationaux ou à des règles de commerce mondial. C’est d’ailleurs une des principales revendications du mouvement paysan mondial « La via campesina » : L’agriculture hors des accords de commerce international.
Le Canada tient à la gestion de l’offre et ne veut pas la voir modifier lors des négociations. L’Union paysanne soutient néanmoins qu’il faudra adapter cette gestion de l’offre à la réalité moderne, sinon elle disparaîtra sous les pressions. En effet, difficile de vouloir exporter du porc, mais de bloquer l’importation de poulet sans se faire reprocher une certaine dose d’hypocrisie. Et au Québec en particulier, la gestion de l’offre a rempli son rôle de contrôle, mais a échoué lamentablement pour maintenir le nombre de fermes ou permettre la relève et la diversité. Une centaine de producteurs d’œufs détenteurs de quota, moins d’un millier pour le poulet et le dindon, c’est une situation franchement inacceptable. De plus, la version québécoise de la gestion de l’offre diffère grandement de la version ailleurs au Canada. Ici, c’est l’UPA et ses filiales qui gèrent le système en monopole. La gestion de l’offre, c’est au départ un contrat social entre l’État et le monde agricole. Ça ne devrait pas être la propriété privée d’un cartel. La Via campesina et l’Union paysanne sont en faveur du principe de la gestion de l’offre, mais ce système devra être réformé rapidement.
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