Mot du président – 17 septembre 2019
Maxime Laplante, agr
À la fin septembre, la CAPERN (Commission sur l’agriculture, les pêcheries et les ressources naturelles) entamera un débat sur les pesticides en agriculture. Les diverses organisations intéressées à la discussion devaient remettre un mémoire en juillet, ce que l’Union paysanne a fait.
Il y a quelques années, le gouvernement s’était fixé comme objectif de réduire l’utilisation des pesticides en milieu agricole. Fiasco. Leur usage a augmenté. On peut même aujourd’hui assister à des épandages de Round-up non seulement pour tuer les mauvaises herbes (désolé, le terme à la mode est plutôt adventices) mais aussi juste avant la récolte des céréales ou d’autres cultures, de façon à accélérer le séchage des plantes et en faciliter la récolte mécanisée.
Le débat devant la CAPERN sera évidemment associé au cas de l’agronome Louis Robert, congédié du MAPAQ pour avoir attiré l’attention médiatique sur l’influence démesurée de l’industrie des pesticides auprès de la recherche financée par les contribuables.
Et pour bien corser le tout, la ville de Montréal a annoncé qu’elle entendait bannir l’usage de Round-up sur son territoire, exemple qui pourrait bien être suivi par d’autres villes. Le cas n’est pas unique, l’Allemagne procèdera à son interdiction sous peu.
Comme on peut s’en douter, l’UPA reproche aux élus minicipaux d’aller trop vite. L’enjeu est quand même de taille parce que tout le modèle de l’agriculture spécialisée, industrielle, axée sur l’exportation, repose sur l’usage des pesticides à large échelle. Interdire ou réduire l’usage des pesticides remet totalement en question les monocultures. Les tenants du maintien de notre modèle agricole sont donc très réticents à diminuer leur emploi. Dans la toute récente politique bioalimentaire, il n’est d’ailleurs plus question de viser une réduction des pesticides mais seulement de réduire les risques associés à leur utilisation!
Un changement s’impose toutefois. Obliger les fermes biologiques de maintenir à leurs frais des bandes tampons de 8 mètres le long de leurs terres pour réduire la contamination par les voisins, ou leur faire payer des frais de certification alors que les fermes usant de pesticides sont exemptes de ces frais, faire payer aux producteurs bio la décontamination de la machinerie si elle a touché des pesticides, c’est mépriser le principe de base du pollueur-payeur.
Devant l’amoncellement des preuves contre la menace des pesticides sur la santé et les écosystèmes et la dépendance des fermes face aux grandes entreprises contrôlant les semences dépendantes des herbicides, on ne peut qu’espérer que les travaux de la CAPERN n’aboutiront pas sur la même tablette que le rapport Pronovost. Le Québec aurait tout intérêt à prendre l’initiative d’un réel virage. Économiquement et socialement.