Ste-Croix, 9 avril 2020 –
L’annonce récente concernant le fait de jeter du bon lait à l’égout en pleine crise a suscité beaucoup de réactions. Il serait pourtant tentant d’acheter du lait directement de la ferme au lieu d’en faire un déchet. Mais malheur au fermier qui se ferait prendre à vendre ou même donner du lait au Québec.
En effet, le Règlement sur les quotas des producteurs de lait est clair à ce sujet:
(art. 3) »Nul ne peut produire ou mettre en marché du lait sans détenir un quota. » Selon ce règlement, nul ne peut produire, ni vendre, ni donner du lait sans détenir un quota. Et pour qui déciderait de vous refiler un peu de lait, il doit s’attendre à devoir payer une amende de 500 $ par litre de lait pour tout volume inférieur ou égal à 10 litres.(art. 18)
On comprend que la gestion de l’offre en vigueur au Canada vise à équilibrer la production de lait selon les besoins de la population, sans créer de surplus ni de manque. Mais la loi sur la mise en marché des produits agricoles prévoit justement la possibilité de faire la vente directe de lait, sans détenir un quota ni passer par un plan conjoint de mise en marché.
« un plan conjoint ne s’applique pas aux ventes directes au consommateur » (Loi sur la mise en marché des produits agricoles, art.63). Le problème, c’est que la Régie des marchés agricoles, organisme public de surveillance de la mise en marché, refuse d’appliquer la loi, cédant sous la pression des Producteurs de lait de l’UPA.
Et même si vous détenez un quota, au prix de 24 000$ par vache pour un minimum de 10 vaches, soit 240 000$, vous n’avez quand même pas le droit de faire de la vente directe à un client. Pourtant, ailleurs au Canada, l’Alberta permet la vente directe de 50 litres de lait par jour. Pour Maxime Laplante, président de l’Union paysanne, « on peut acheter du lait directement de la ferme pratiquement partout sur la planète, sauf ici ».
Tant que la Régie des marchés agricoles, sous la pression de l’UPA, refusera de permettre la vente directe de lait selon la loi, le Québec continuera à assister à du déversement de lait à l’égout, alors qu’un marché est disponible et que nombre de fermes seraient intéressées par un revenu supplémentaire.