L’UPA qui se déguise en défenseur de la souveraineté alimentaire1 tente par tous les moyens de redorer son image auprès des petits agriculteurs et il n’est pas surprenant que même l’AQOCI soit tombé dans le panneau.
Lorsque l’on sait que les fermes sous gestion de l’offre disparaissent plus vite que dans tout les autres secteurs, que la relève est inexistante, que le prix des quotas anéantissent les chances de transfert de la ferme, que l’imposition de ce système en acériculture à fait disparaître quelques centaines d’acériculteurs dans la même année et que la gestion en vase clos de ce système s’apparente à un cartel…disons que la définition de la souveraineté en prend pour son rhume.
L’Union paysanne ne jette pas la pierre à l’AQOCI qui fait un travail sérieux et solide sur le terrain de la coopération international. Nous pensons plutôt qu’elle devrait saisir l’occasion pour questionner le faux verni de souveraineté alimentaire de l’UPA. Certains diront que ce n’est pas vraiment l’UPA qui se retrouve présente lors de cette rencontre mais plutôt l’UPA DI une filiale internationale de la maison mère.
Alors si vous voulez connaître la latitude d’André Beaudoin à l’UPA DI demandez-lui d’endosser officiellement les positions de la Via Campesina2 sur la souveraineté alimentaire.
Qu’il reconnaisse le droit à tout agriculteur de choisir son syndicat comme inscrit dans la Charte des droits de l’Homme des Nations Unies et que seul l’UPA bafoue.
Qu’il se prononce contre les OGM et tout brevetage du vivant.
Qu’il reconnaisse aux travailleurs immigrants le droit de se syndiquer sur les fermes du Québec.
Qu’il dénonce les subventions à l’éthanol-maïs
Qu’il reconnaisse la nécessité de réduire les subventions aux grands producteurs agricoles par une réforme de la Financière agricole du Québec et de les réorientés vers les fermes vivrières.
Malheureusement l’UPA et ses affiliés ont livré la classe agricole en pâture aux mécanismes du marché mondiale, aux ogm, aux pesticides et aux herbicides. Sans compter que celles qui restent son rendu esclave d’un système féodal. Maintenant que le système leur ait défavorable elle tente de se draper du discours sur la souveraineté alimentaire mais l’Union paysanne n’est pas dupe et dénoncera ses manœuvres.
C’est d’ailleurs pour toute ses raisons que l’UPA ne sera jamais membre de la Via Campesina car les paysans savent qu’il ne faut jamais confier les clefs du poulailler au renard.
Benoit Girouard
Porte parole Union paysanne
450-495-1910
Frédéric Sauriol
Secrétaire Général
450-562-0104
1- La souveraineté alimentaire est un concept développé et présenté pour la première fois par Via Campesina lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 1996. Il a depuis été repris et précisé par les altermondialistes lors des différents Forums Sociaux Mondiaux.
La souveraineté alimentaire est présentée comme un droit international qui laisse la possibilité aux pays ou aux groupes de pays de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations sans qu’elles puissent avoir un impact négatif sur les populations d’autres pays. La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC.
Contrairement à la sécurité alimentaire qui ne s’intéresse qu’aux quantités d’aliments disponibles, la souveraineté alimentaire accorde en plus une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments. Elle prône une répartition équitable des moyens de production entre les paysans, au moyen si nécessaire d’une réforme agraire et d’une redistribution de terres.
Au niveau local, la souveraineté alimentaire favorise le maintien d’une agriculture locale de proximité destinée en priorité à alimenter les marchés régionaux et nationaux. Les cultures vivrières et l’agriculture familiale sont favorisées. La place et le rôle des femmes sont privilégiés.
La souveraineté alimentaire privilégie des techniques agricoles qui favorisent l’autonomie des paysans. Elle est donc favorable à l’agriculture biologique et à l’agriculture paysanne. Elle refuse l’utilisation des plantes transgéniques en agriculture.
2- Vía Campesina est un mouvement international composé d’organisations paysannes de petits et moyens agriculteurs, de travailleurs agricoles, de femmes ainsi que par des communautés indigènes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. C’est un mouvement autonome, pluraliste et indépendant de tout mouvement politique, économique ou autre. Il est composé d’organisations nationales et régionales qui préservent leur autonomie. C’est en fait le plus grand regroupement d’agriculteur au monde.