Ce sera visiblement pour la plupart d’entre nous une période de Pâques radicalement différente, alors que chacun développe des aptitudes avec Internet, Skype, Facetime et autres outils virtuels.
En entendant le premier ministre déclarer son intérêt pour l’autonomie alimentaire du Québec, je perçois un message d’espoir, alors que l’Union paysanne réclame depuis sa fondation la souveraineté alimentaire, la mise en place de circuits courts, avec tout ce que ça comporte, en termes de transformation possible à la ferme, d’abattage de proximité, de vente directe, d’agrotourisme.
Évidemment, il serait facile de dire: « On vous l’avait dit, que le système d’agriculture spécialisée, exportatrice, nous mènera tôt ou tard vers un mur ». Le mur est maintenant là. Je comprends donc un message d’espoir mais également un signe d’encouragement de tout mettre en oeuvre pour que cette crise aboutisse à un changement majeur d’orientation de notre agriculture.
Le modèle actuel d’agriculture spécialisée, contrôlée par un monopole, arrive aux aberrations malheureusement prévisibles. De grandes quantités de lait jeté en pleine période de crise, alors qu’on aurait pu organiser une distribution locale de ce lait, directement aux communautés. J’ai moi-même offert à des fermes laitières, obligées de jeter leur lait, de mettre en place rapidement un réseau de clients avec une collecte de lait, incluant des recettes faciles pour la fabrication de fromage, de yogourt. Malheureusement, c’est encore interdit au Québec. Il y a aussi la menace de devoir euthanasier des porcs parce que la filière d’exportation est ébranlée ainsi que les structures centralisées d’abattage. Puis notre dépendance face à des approvisionnements de l’étranger, autant en aliments qu’en main-d’oeuvre. La menace de maladies dans nos cheptels animaux et de volaille hautement densifiés. La distanciation sociale comme mesure pour protéger les humains devrait s’appliquer autant aux animaux.
Contrairement aux affirmations de l’UPA à l’effet que le Québec agricole ne soit pas en mesure à court terme de s’adapter, ou même qu’un travailleur étranger vaille deux Québécois, nous sommes convaincus du potentiel gigantesque des artisans et artisannes de la terre, de leur savoir-faire, de leur esprit d’initiative et d’innovation. Il faut juste leur donner la marge de manoeuvre nécessaire, leur permettre de produire et de vendre, d’entrer en contact direct avec la population.
En attendant, profitons du fait qu’il n’y ait pas de quota sur les oeufs de Pâques,
Maxime Laplante, agr, président