Farnham, Mars 2010. En mon nom propre je tiens à remercier les gens qui nous ont supportés physiquement et moralement le 17 mars dernier lors de l’audience publique tenue à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec dans l’affaire de Les Abattoirs Zénon Billette inc. (Faillite et questionnement sur sa gestion) audience qui avait pour but de défendre encore une fois la légitimité de rendre public le rapport déposé le 10 janvier dernier. Nous étions une vingtaine, dont 5 producteurs de bouvillons et des gens du secteur laitier/réforme et quelques membres de l’Union Paysanne et de l’Association de défenses des producteurs bovins (ADPB).
Où était donc le reste des producteurs? Quel est le signal que je dois comprendre? Le sujet n’en vaut pas la peine? Alors que les mêmes erreurs sont en train de se reproduire avec Levinoff-Colbex? Que la FPBQ fasse comme nos gouvernements et prenne l’argent dans nos poches est normal? Le gouvernement, lui, nous accorde parfois des réductions… Et quand on en a marre on essaie au moins de le changer… Pour qui travaillent donc nos élus à la FPBQ, aux divers comités, et à l’UPA? Pour eux ou pour nous?
Alors que cette demande d’enquête a été adoptée en assemblée spéciale par vote majoritaire en octobre 2007, les producteurs de bouvillons d’abattage se voient refuser le droit de consulter ce rapport, car les défendeurs (FPBQ, Fiducie, SCBA etc.) refusent la divulgation de celui-ci dans son intégralité, malgré leurs promesses de collaboration totale. Pendant qu’en tant que producteur nous payons notre avocat, 4 avocats engagés par les défenderesses nous font face, et comble de l’ironie c’est aussi avec notre argent qu’ils sont là.
Le rapport d’enquête est sorti, il a pu être lu par les procureurs des parties et par les régisseurs dans son intégralité, mais la seule chose que nous avons pu obtenir (les 2 demandeurs) le 17 mars dernier, c’est une copie caviardée (censurée) de ses éléments essentiels. Les parties ont droit d’accès aux rapports avec ordonnance de non-divulgation… Qui est La FPBQ ? Et combien de privilégiés auront le droit de le lire au siège social?
Ce rapport est essentiel pour l’ensemble de l’industrie, il représente le respect des résolutions adopté en assemblée, le respect des individus qui demandent une transparence dans les agissements des gens qui sont censés nous représenter et nous défendre, le respect de la démocratie et de la justice.
Alors que les avocats des défendeurs (FPBQ et Cie) font tout leur possible pour trouver des technicités pour empêcher sa publication intégrale, nous sommes en droit de nous demander ce qu’ils essaient de cacher. Le jeu en vaut la chandelle, car ce coup-ci, ils ont réussi à retarder le tout pour que rien ne soit divulgué avant l’AGA (Assemblée Général Annuelle) du 7 et 8 avril prochain. (Assemblée où se votent les résolutions et où sont élues les membres des divers comités et autres). Encore une belle année devant elle (FPBQ) pour continuer d’essayer d’être un entrepreneur non qualifié.
L’industrie du bœuf est elle aussi en problème et comme mère de famille je serais tentée de dire que tous les torts ne sont pas que chez les autres. Une médaille a toujours 2 côtés. Il est facile de jeter le blâme sur les autres, mais on doit aussi regarder ce que font nos proches pour nous aider à nous en sortir…
À l’heure où je vous parle, ce que je perçois est un individualisme marqué. Là où nous serions censés nous serrer les coudes, nous aider à trouver des solutions pour essayer de nous sortir de cette crise ensemble, il n’y a que du « chacun-pour-soi ».
Alors que nos « subsides » fondent comme neige au soleil, est-ce que les prélèvements diminuent? Dans le privé, il y aurait déjà eu des restructurations, des coupures et des choix… Mais pour nos élus, pas question de ralentir le train! Quand il n’y aura plus d’ASRA et autres, croyez-vous qu’ils feront le ménage pour nous laisser souffler un peu? Nous laisser de quoi vivre et manger nous aussi? Ils jetteront le blâme sur les gouvernements.
Alors que la FPBQ engage des millions dans ses projets, prends des hypothèques en nos noms, nous donne en garantie pour ses prêts, quel banquier vous prêtera lorsque vos revenus seront à leurs plus bas? Comment peut-on jouer avec l’argent des autres comme cela? Alors que l’économie est en crise, nos élus y vont gaiement d’investissements et dépenses plus chères les unes que les autres sans penser aux impacts sur nos poches et nos entreprises. Demandons-nous si nos élus avaient le mandat et toutes les connaissances pour agir de la sorte?
De plus, ils se sont donné tous les moyens pour que chaque $$$ entre directement dans leurs poches sans avoir à courir après leurs membres (prélèvements, etc. pris directement sur le chèque de l’ASRA, aucun remboursement de taxe si cotisation non payée, etc..) et ils disent être là pour nous défendre et nous représenter? Et ce, sans objections?? Comment avons-nous pu laisser faire cela? Est-ce que nous dormons sur la « switch »?
Nous voici donc face à 4 paliers qui fouillent dans nos poches à qui mieux mieux, Fédéral, Provincial, Municipal et Syndicat agricole.
Ce que ces gens oublient, c’est que moins il y a de payeurs, moins il y a d’argent qui entre dans les coffres. Posez-vous la question, est-ce que les gens qui travaillent dans l’ensemble du réseau syndical agricole se souviennent encore d’où provient leur salaire?
L’UPA et ses Fédérations ont tellement bien placé leurs billes que nos gouvernements ne nous entendent même plus en tant qu’individu. Nous sommes bâillonnés dans notre propre groupe, sans moyens de communiquer avec l’extérieur.
Bientôt, nous ne travaillerons plus pour nous, mais pour tous ces gens qui disent vouloir notre bien et vouloir nous aider. Mais qui sont-ils? Qui tire les ficelles derrière tout cela? Faut-il demander une Commission d’enquête pour avoir des réponses? Pourquoi les membres de ce syndicat (producteurs) ont-ils si peur de faire face à leurs élus et de leur demander des réponses claires et de la transparence? Est-ce que certains ont peur de représailles personnelles? Est-ce que les élus sont encore aptes à nous représenter si, au sein même de ce regroupement, il n’y a plus de confiance?
Pensons à ceux qui suivent, à ce que nous voulons leur laisser. Et ici je ne parle pas juste d’une entreprise viable. Quel exemple voulons-nous leur donner… Se battre pour ses valeurs ou se taire et continuer à encaisser? Essayons d’être fiers d’être producteurs / productrices agricoles et responsables de notre avenir. Nous en avons déjà assez à essayer de nous battre contre tout le reste pour faire reconnaître notre valeur, pas pour que le public croie que nous sommes tous pareils et des moutons. Il est temps de faire un bon ménage de printemps et d’essayer de repartir sur de bonnes bases. Pour que cela soit possible, nous devons changer les bureaux de directions sur tous les niveaux, avoir du sang neuf, des idées neuves et centrées sur ses membres.
Je ne connais pas ce qui se passe dans les autres productions, mais soyons vigilants et faisons bien comprendre ce pour quoi le syndicat a été créé.
Nathalie Pontbriand
Productrice agricole
NDLR : Cette lettre de témoignage a été envoyée en copie conforme à plusieurs médias, dont l’Union paysanne.