Non, je ne parlerai pas du coronavirus, d’autres le font. J’aborderai plutôt l’utilisation du capital de sympathie envers la paysannerie par l’agrobusiness. Prenons l’exemple du sirop d’érable. Alors que la production est effectuée à 98,5% avec de la tubulure, les images publicitaires montrent encore des chaudières, avec des barriques en bois tirées par des chevaux. Regardez sur n’importe quelle « canne » de sirop.
Ou encore les contenants de lait à l’épicerie, illustrant des animaux au pâturage dans un décor bucolique, alors que la quasi-totalité des vaches laitières sont confinées à l’intérieur, dans des bâtiments ne ressemblant en rien aux granges figurant sur les emballages.
On pourrait aussi jeter un coup d’œil sur les boîtes d’œufs, montrant des poules à l’extérieur. Ou encore consulter le site web de la fédération des producteurs d’œufs, avec de superbes photos de petits poussins dans l’herbe verte, de poules juchées sur des madriers de vieux bois. Simplement charmant.
Lors du bilan de la politique bioalimentaire, un récent sondage nous apprenait que la confiance du consommateur est en baisse face à l’industrie agroalimentaire. Ce même sondage révélait également que plus le consommateur est scolarisé, plus sa confiance baisse. En somme, plus il en sait, moins il ne croit aux messages publicitaires trompeurs. Et plus l’industrie agricole maquillera la réalité de la production (pesticides, monocultures, OGM, compaction et érosion des sols), plus le réveil sera brutal en cas de crise.
Et crise il y aura. Comme il y en a eu en Europe où les consommateurs ont réagi en diminuant leurs achats de poulet ou de bœuf, en raison des épisodes de vache folle ou de substances louches dans la production de volaille.
Au final, la situation est devenue paradoxale. Alors que l’industrie utlise les images de la paysannerie pour mousser ses ventes, la paysannerie véhicule les images de l’industrie pour en dénoncer les pratiques. À vous de faire le tri.
Maxime Laplante, agr