Une profonde remise en question du statut de l’agriculture.
Saint-Germain-de-Kamouraska, 28 octobre 2003. Au moment où les signes d’une crise agricole majeure s’accumulent, le rapport que vient de soumettre le BAPE au Gouvernement, selon les informations disponibles, propose une profonde remise en question non seulement du développement de la production porcine mais du statut de l’agriculture dans son ensemble. L’Union paysanne salue favorablement la vision du rapport et le travail colossal accompli par la commission du BAPE et demande au Gouvernement d’adopter rapidement le plan de travail qu’elle propose, avant que les lobbies ne dressent leurs barrières. Plusieurs des recommandations vont d’ailleurs dans le sens du programme électoral du parti libéral au chapitre de l’agriculture. L’Union paysanne offre également sa collaboration au chantier considérable que supposera la réinsertion de l’agriculture dans les écosystèmes naturels, la gouvernance locale et les communautés rurales.
Au cours des 10 dernières années, à la faveur de lois et de règlements, tels la loi 23 et 184 sur la protection du territoire et des activités agricoles, la loi sur l’urbanisme et l’aménagement, les réglementations des Ministères de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Financière agricole, l’activité agricole était devenue un monde à part, avec des privilèges considérables, sur lequel personne n’avait plus réellement prise, ni les citoyens, ni les municipalités, ni les responsables de l’environnement et de la santé publique, ni même les tribunaux, le droit de produire constituant en pratique une immunité de plus en plus néfaste avec l’avènement de pratiques industrielles lourdes de conséquences pour le milieu.
C’est ce qui amène le BAPE à proposer un moratoire sur l’industrie porcine jusqu’à ce qu’à ce qu’on revoit l’encadrement global de cette industrie, ce qui ne peut se faire sans toucher à l’encadrement de l’ensemble des activités agricoles. Les grands principes énoncés pour guider cette refonde du statut de l’agriculture sont en bonne partie dans la ligne de ceux que préconise l’Union paysanne : évaluation des projets industriels en fonction de leurs impacts sur l’ensemble du bassin versant et les communautés concernées plutôt qu’en fonction de plans de fertilisation autogérés ferme par ferme, gestion des fumiers et des élevages en fonction de la capacité de support des terres et des écosystèmes, pouvoir des municipalités de gérer le développement de l’agriculture en fonction de l’aménagement du territoire et de l’harmonisation des usages du milieu rural, financement de l’agriculture non plus en fonction des volumes de production mais plutôt de façon à protéger les fermes familiales et les fermes qui respectent des pratiques d’agriculture durable, mesures efficaces pour protéger les boisés, les bandes riveraines et les puits d’eau potable.
Dans la mesure où il s’agit de réintégrer l’activité agricole dans la gestion démocratique du territoire et d’en rétablir la fonction sociale et environnementale, l’Union paysanne ne peut que favoriser un tel projet de société et les producteurs qu’elle représente, qui favorisent déjà ce modèle agricole, pourront y apporter une précieuse collaboration.