La commission sur l’agriculture, les pêcheries et les ressources naturelles (CAPERN) a tenu ses audiences sur les pesticides en agriculture à la fin septembre. On pouvait y entendre essentiellement deux discours : un premier provenant des utilisateurs ou des commerçants de pesticides qui nous disent en gros qu’ils sont utiles, voire indispensables à la production d’aliments. Le second, des rangs des gens de la santé ou de l’environnement, soutient que leur usage est néfaste et qu’il faut viser une réduction rapide de leur emploi. En trame de fond, les vœux pieux du gouvernement qui nous annonçait une forte diminution de leur usage il y a quelques années (Prédiction qui ne s’est nullement réalisée, au contraire) et qui maintenant se contente de viser une simple réduction des risques reliés à leur emploi.
Qu’il est donc reposant d’écouter un film comme Star Wars, où bons et méchants sont faciles à repérer, sans nuances. La réalité semble différente. Lors de sa présentation, l’Union paysanne a fait valoir que l’emploi de pesticides est intimement lié à la monoculture et la spécialisation. Difficile en effet d’imaginer une monoculture de maïs de 2000 ha sans avoir recours aux herbicides, dont le maintenant tristement célèbre Roundup. Dans un contexte d’exportation, la spécialisation se répand, et donc l’usage de pesticides. À l’inverse, ce besoin est nettement moins présent dans le cas de productions diversifiées, en rotation. Les études du MAPAQ, dont Louis Robert fait mention (Louis Robert est l’agronome qui fut congédié par le MAPAQ et ensuite réembauché pour avoir dénoncé l’ingérence de l’industrie des pesticides dans la recherche publique) montrent clairement qu’il est possible de largement renoncer aux pesticides à condition de pratiquer certaines méthodes culturales, comme la rotation, la variation des plantes, les engrais verts, etc. D’autre part, la production biologique fait depuis longtemps la preuve qu’on peut se passer de pesticides de synthèse.
Toutefois, la récente politique bioalimentaire du gouvernement québécois, qui n’a rien de bio, soit dit en passant, vise précisément un accroissement de nos exportations et une augmentation de nos importations, le tout contribuant à une diminution marquée de notre taux d’approvisionnement. En effet, vous avez bien lu : le gouvernement vise une plus grande dépendance de notre alimentation face aux importations ainsi qu’une dépendance accrue de notre agriculture face aux exportations. En somme, l’État vise à augmenter les conditions qui nous rendent dépendants des pesticides. Sommes-nous vraiment sur la bonne voie?
De plus, problème soulevé par plusieurs, les normes encadrant l’usage de pesticides varient beaucoup d’un pays à l’autre et nos tablettes regorgent maintenant de produits contaminés par des pesticides, à des concentrations qui ne sont pas nécessairement autorisées par notre production locale. La politique bioalimentaire vise pourtant de plus grandes entrées de ces produits.
Espérons que la CAPERN réussira à émettre des recommandations pertinentes à ce sujet.
Maxime Laplante, agr, président