24 heures avant son décès, monsieur Pronovost nous a fait l’honneur d’écrire un mot en vu du congrès de l’Union paysanne. Cet engagement jusqu’à la toute fin envers la cause agricole fait foi de l’importance qu’il accordait à l’agriculture plurielle. Le voici!
Bonjour madame Renaud,
Voici le texte demandé. J’y crois beaucoup. Ce qui m’a incité a l’expédier à quelques autres personnes. On conçoit souvent l’avenir de l’agriculture une ou à des étiquettes qui escamotent une partie de la vérité.
Certains prônent une agriculture dite industrielle mais qui au fond applique à l’agriculture le modèle économique traditionnel qui repose sur la croissance économique, le marketing, la recherche de la croissance, la productivité etc. On produit et on vend des pommes de terre, du maïs ou des pommes comme d’autres secteurs produisent et vendent des clous, des vis ou tous autres produits.
L’agriculture, la vraie, doit intégrer plusieurs autres valeurs à cette dimension économique. Il faut penser notamment Santé et il faut penser que les impératifs Santé peuvent même varier avec les individus qui ont des besoins différents et particuliers. Il faut aussi penser à la qualité de l’environnement car la qualité de la nourriture commence là; combattre les failles environnementales par des moyens naturels et biologiques plutôt que chimiques, etc.
Ce que je viens de souligner n’a rien à voir avec la taille des fermes ou de leurs modèles juridiques. C’est évident que les quantités produites, parce qu’elles intègrent d’autres valeurs, ont tendance à devoir tenir compte des frais que l’éventail de ces valeurs entraînent. L’État doit prendre tout cela en compte dans ses politiques. L’agriculture n’est pas univoque. Elle n’est surtout pas noir et blanc et répond à une série de besoins interreliés.
Cordialement,
Jean Pronovost