J’ai parfois besoin d’imaginer, de projeter dans le futur, à quoi pourrait bien ressembler une agriculture riche, diversifiée. Sortir des petits problèmes mesquins des plans conjoints et des cartels agricoles québécois.
Donc, rêvons. Dans mon village, il y aurait un petit abattoir ouvert le lundi matin, où on pourrait faire abattre les plus gros animaux comme le boeuf, le porc, le mouton, sous surveillance vétérinaire. Les petits animaux, comme la volaille ou le lapin, pourraient y être abattus aussi, ou à la ferme. Mon village offrirait également un bâtiment pouvant servir à l’entreposage d’aliments: chambres froides pour les fruits et légumes, congélateurs. Un atelier de cuisine permettrait d’y faire de la transformation, parce que les mangeurs et mangeuses modernes aiment les aliments préparés.
À l’hôtel de ville, le visiteur trouverait information sur les possibilités de restauration et d’hébergement à la ferme. Des jeunes en recherche d’expérience de travail enrichissant y trouveraient un répertoire des fermes où travailler. Un réseau de fermes offrirait un service de paniers d’aliments, dans lesquels on pourrait avoir certes fruits et légumes, mais aussi du lait, du fromage, du vin, du poulet, des plats cuisinés. Ces paniers pourraient être livrés à la maison ou au marché hebdomadaire. Ce marché public se tiendrait deux fois par semaine, en avant-midi, devant les bureaux de la MRC ou de l’école. Ce marché étalerait saucisses, fromages, fruits, légumes, vins et bières, fleurs, art local.
Une partie des revenus de la municipalité serait allouée à la mise en place d’une navette de transport desservant les municipalités environnantes deux fois par jour en période estivale, gratuitement. Au restaurant local, le propriétaire serait fier d’inscrire au menu la truite qu’il a lui-même pêchée.
Pour le promeneur, un circuit pédestre serait mis à sa disposition, parcourant champs et boisés environnants, à travers la campagne.
Une utopie? C’est pourtant ce que j’ai vécu en Suisse, en Autriche, en France et en Allemagne. Mais évidemment, on me dira sans doute que je rêve, qu’il serait absolument impossible de vivre ça au Québec…
Maxime Laplante, agr président