Communiqué – 23 octobre 2020
Québec, Qc – Le ministre de l’Agriculture vient de dévoiler son Plan d’agriculture durable (PAD). Bien qu’on puisse saluer les intentions de réduire l’usage des pesticides et d’améliorer la protection des sols, ainsi que de vouloir diminuer les situations de conflit d’intérêt chez les agronomes qui travaillent pour l’industrie des pesticides, on ne peut que déplorer les lacunes importantes de ce plan quant aux objectifs annoncés en conférence de presse.
En effet, le ministre soulignait dans son introduction l’importance des fonctions de notre agriculture : nourrir notre population et dynamiser le territoire, ce que l’on peut comprendre comme l’importance d’une agriculture pour et par sa population. Or, ces deux fonctions brillent par leur absence dans le budget de 125 millions du PAD.
De petites mesures environnementales saupoudrées ici et là, comme la volonté de mettre en place des indicateurs mesurables concernant le taux de matière organique des sols ou celui des nitrates dans l’eau, sont nettement insuffisantes pour corriger les travers d’une agriculture basée sur l’exportation. On peut en effet se demander en quoi l’implantation d’une haie brise-vent dans les monocultures de maïs transgénique servant à nourrir du porc exporté est durable…!
Pour parler de durabilité en agriculture, nous devons parler de diversité des modèles agricoles, de relève et de circuits courts de distribution. Également, le PAD ne comporte aucun mot sur notre dépendance face à la main-d’oeuvre étrangère, ni sur les programmes de subventions agricoles comme l’ASRA qui encouragent la spécialisation et la monoculture.
Pour l’Union paysanne, une agriculture durable nécessite forcément une sortie du modèle industriel. « Il nous semble clair qu’un modèle agricole industriel dépendant des marchés internationaux pour écouler la production alimentaire ne représente pas une avenue durable, même si on en révise partiellement les pratiques. Ce que le PAD propose, c’est une façon de polluer moins, pour polluer plus longtemps! », remarque Gabriel Leblanc, un paysan membre de l’Union paysanne.
En somme, après la déception de la politique bioalimentaire qui n’est ni bio ni alimentaire, voici un plan d’agriculture durable qui ne voit dans l’immensité du dossier agricole que la question des pesticides ou de la santé des sols. Ce qui semble durable, c’est cette persistance à refuser d’appliquer les recommandations du rapport Pronovost et ainsi ne rien changer au modèle actuel.
L’Union paysanne